Les pervers narcissiques et leur rapport à l’amour

Si je t’aime j’aurai mal…
 
Pourquoi remarque-t-on que les pervers narcissiques viennent de familles toxiques, dans lesquelles ils n’ont pas été aimés ? Ils ne copient pas seulement les comportements de leurs parents. Ils y viennent par la force des choses.
 
La perversion narcissique est un système de défense que tous nous sommes capables d’utiliser. Dans le cas des manipulateurs maladifs, c’est systématique. Ils sont enfermés dans cette prison psychologique et ne savent pas du tout comment en sortir. Ils ont été blessés dès leur tout jeune âge par la/les personne(s) qu’ils aimaient le plus, leur(s) parent(s). L’amour inconditionnel qu’ils libéraient en attendant d’être aimés en retour était transformé et utilisé contre eux. Plus leur amour était intense, plus leurs blessures étaient grandes. Voilà pourquoi les pires pervers narcissiques sont souvent, au fond d’eux, des personnes hypersensibles qui n’ont pas été écoutées ni respectées dans leur particularité émotionnelle.
 
Le manque affectif dont ils étaient victimes les a conduit à se faire aimer par tous les moyens possibles, mais sans s’impliquer. Recevoir de l’amour sans en donner. C’est comme ça qu’ils fonctionnent. Ils sont accro à l’amour. A cette belle énergie qu’ils ne connaissent plus.
 
En allant chercher des personnes hypersensibles qui expriment leur amour intensément, ils se cherchent eux-mêmes. Ils cherchent à retrouver le mode d’emploi qui les conduirait à leur cœur… tout en ayant peur de ce qu’ils pourraient y trouver.
 
Alors ils se défendent, avec l’amour qu’on leur porte. C’est un cercle vicieux. La machine s’emballe, ils n’y comprennent rien. Et plus la situation est tragique, plus ils ont peur, plus ils continuent.
 
Par peur de l’amour, ils essaient de tout contrôler, leurs émotions, leurs réactions, et surtout l’autre. Celui qui essaie de les aider.
 
Le meilleur moyen de s’en sortir avec un pervers narcissique, c’est de l’ignorer. Oui : pour qu’il se retrouve seul, face à ses propres blessures, qu’il finisse enfin par pleurer, par lâcher prise et ne plus espérer qu’on l’aime. Car plus on essaie de combler son manque affectif, plus il en redemande, et mieux il cache ses blessures aux autres et à lui-même. Son manque affectif est si grand qu’il est une obsession dans toutes ses relations, même avec un thérapeute, à qui il essaiera de plaire à tout prix. Sa prison émotionnelle le condamne à faire son travail seul.
 
Laissez-le et partez. Il a besoin de se retrouver seul pour ne plus avoir peur de perdre l’amour que lui porte la personne avec qui il vit. Il aura alors une chance de se défaire de tous les masques qu’il a ajouté les uns sur les autres, et enfin à se voir nu.

Pourquoi les pervers narcissiques agissent ainsi

Il y a toutes sortes de pervers narcissiques, mais il existe certaines constantes dans les raisons qui les poussent à agir ainsi :
– des conflits émotionnels non résolus et datant de l’enfance.
– ils ont grandi dans une famille où, soit l’un des parents était pervers narcissique, soit les deux. Leurs émotions n’étaient pas écoutées ni accueillies, mais utilisées contre eux pour les rejeter ou les humilier. Le ou les parents ont l’habitude eux-même de refouler leurs propres émotions, ne savent pas comment les gérer et font comme si elles n’existaient pas. L’enfant est donc déboussolé, remet en cause ce qu’il ressent (du fait d’une incohérence entre ce qu’il voit de l’autre et ce qu’il ressent). On leur a appris que leurs émotions ne devaient pas être exprimées, ni ne valaient la peine d’être écoutées.
– ils sont envahis par leurs peurs mais font tout pour paraître « forts », sûrs d’eux-mêmes et « normaux ». Ils vivent dans le contrôle permanent.
– l’image qu’ils renvoient à leur entourage est plus importante, à leurs yeux, que leur vie privée.
– ils ont peur d’exprimer leur vraie personnalité, de vivre en accord avec leurs valeurs. Ils ne s’aiment pas et ont une estime d’eux-mêmes déplorable. Ils pensent que s’ils étaient eux-mêmes, ils seraient rejetés, humiliés, détestés. L’enjeu est le même que depuis leur plus jeune âge : comment faire pour être aimé et comme survivre s’ils ne sont pas aimés
– ils ont honte de qui ils sont. Leur plus grande peur : qu’on voit leurs blessures, par peur qu’on les manipule avec, car c’est ce qu’ils font avec leurs proies, afin de les manipuler et les « forcer » à les aimer, ou en tous cas à leur faire ressentir ce qu’ils croient être l’amour, en fait la dépendance affective qu’ils vivaient déjà avec leur parent PN. Tant qu’il y a expression des émotions de leur proie, il peut les utiliser contre elle. Voilà pourquoi l’ignorance et le lâcher-prise sont les armes qui permettront à la victime de se libérer de l’emprise du PN. Si vous êtes obligé(e), pour une raison ou pour une autre, de continuer à côtoyer le/la PN qui vous a fait souffrir, essayez de vous détacher de lui/d’elle émotionnellement. Les émotions exprimées génèrent des flux d’énergie qu’il/elle va utiliser contre vous. Face à lui/elle, « blindez-vous », imaginez une bulle de protection autour de vous, concentrez-vous sur ce qui est beau en vous
– les PN sont enfermés derrière ce masque et ne savent pas comment en sortir. Ils ne sont pas heureux en vivant ainsi. Eux aussi aimeraient pouvoir libérer leurs émotions, être eux-mêmes, mais ont trop peur de ce qui pourrait se passer s’ils « ouvraient les vannes » et ne savent pas comment s’y prendre. Ils ont très peur de sentir la violence qu’ils ont au fond d’eux du fait de toutes ces émotions refoulées depuis leur plus jeune âge.
– ils sont malheureux et se sentent très seuls car leurs relations sociales sont basées sur le mensonge de leur apparence.
– ils envient les personnes qui s’autorisent à vivre libres, à être elles-mêmes, sans faux semblants et vont tout faire pour les briser : leurs proies sont des personnes qui vivent ce qu’eux-mêmes ne s’autorisent pas à vivre. Voilà pourquoi ils sont attirés par de fortes personnalités en quête de soi et de liberté.

Photo by Karim MANJRA on Unsplash

Se reconstruire après avoir vécu avec un pervers narcissique

– Commencez par prendre conscience que vous n’êtes pas l’agresseur mais bien la victime, même s’il vous a fait croire le contraire pour vous culpabiliser, et même si vous avez parfois utilisé ses méthodes contre lui. Si vous vous dites que c’est à cause de vous qu’il est devenu comme ça, c’est qu’il a encore de l’emprise sur vous. Lisez des livres sur les PN.
– Sachez qu’il aura pris tantôt le rôle du sauveur, tantôt celui de victime, tantôt celui d’agresseur, selon les contextes, les personnes avec qui vous vous trouviez, afin que l’entourage prenne un des rôles et l’aide à vous maintenir dans cet état de soumission. Prenez conscience aujourd’hui que ce n’est pas la réalité, que ce qu’il vous a fait croire était faux et que vous avez suffisamment de lucidité et de force pour concevoir le monde de façon riche et multiple, et non plus simpliste et sous un mode paranoïaque. Faites la part des choses, réfléchissez, trouvez des stratégies pour réparer les liens détruits par sa faute
– Pensez à vous. Apprenez à vous connaître, renouez avec vos anciennes passions/centres d’intérêt, même s’il vous a dit qu’elles étaient inintéressantes ou que vous étiez nulle pour les pratiquer, ou encore qu’il se les appropriait pour vous « guider » (entendez « contrôler »)
– Apprenez à lâcher-prise. Il ne vous observe plus constamment, ni ne vous contrôle. Dites-vous que si vous ne faites pas exactement comme il l’exige ce n’est pas grave. Acceptez d’apprendre, de faire des erreurs. Imaginez que vous réapprenez à marcher après être resté en fauteuil roulant. Vous chancellez parfois, mais ne lâchez rien, vous êtes sur la bonne voie, soyez-en sûre
– Apprenez à ne plus avoir peur de lui. Si vous devez lui parler, défendez-vous. Attaquez-le s’il vous attaque. Quelle que soit son approche, sachez qu’il essaiera de reprendre une emprise sur vous. Essayez de paraître sûre de vous. Mais si vous n’avez pas besoin de le voir, coupez net votre relation. Vous n’avez plus besoin de lui pour vivre.